Elle fait parler d’elle, elle est actuellement la vedette d’une exposition qui se tient au Musée des Antiquités, à Rouen et porte fièrement le nom de notre commune, puisqu’elle est communément nommée « La bible de Foucarmont ».
Propriété du Musée Mathon-Durand de Neufchâtel en Bray, elle a quitté notre ville voisine pour être exposée du 9 Décembre au 19 mars 2017, sur le thème des Trésors Enluminés de Normandie.
Elle figurera en bonne place parmi d’autres ouvrages des périodes médiévale et de la Renaissance.
Qu’appelle-t-on enluminures ?
Il s’agit de dessins de grande qualité et d’une finesse inégalée (pour l’époque) qui ornent soit le début d’un chapitre d’un ouvrage sous formes de miniatures ou de vignettes, ou le début d’un paragraphe par une grande lettre décorative, appelée lettrine… un peu comme dans les livres de contes de notre enfance. Notre bible en comporte environ cent cinquante.
Un incroyable destin
Cet ouvrage en 5 volumes a été écrit en l’abbaye cistercienne de Foucarmont, au Moyen-Âge, au XIIIème siècle exactement. Quatre tomes concernent l’ancien et le nouveau testament. Ils sont aujourd’hui en bon état et sont entourés de la plus grande attention afin de les maintenir dans les conditions optimales.
On ne sait pas trop comment cette « bible sacrée » s’est retrouvée dans l’ancienne bibliothèque de Neufchâtel en 1791. Il est certain que c’étaient probablement les seuls ouvrages de l’abbaye encore présents à Foucarmont à la Révolution, période de l’histoire fatale pour l’édifice qui sera totalement détruit.
Ce qui est également certain, c’est qu’elle échappa au sort d’autres ouvrages – plus d’une cinquantaine – de l’abbaye de Foucarmont qui furent achetés par Colbert, en 1682, célèbre ministre du roi Louis XIV. Il en fit d’ailleurs de même pour d’autres ouvrages similaires provenant de multiples abbayes cisterciennes normandes. Après sa mort, en 1690, ils passeront entre plusieurs mains avant d’être rachetés par le Roi pour être intégrés à la Bibliothèque Royale, en 1732.
De plus, par miracle, elle sortit indemne des ruines de l’hôtel de ville, dans lequel se trouvaient les collections du musée et de la bibliothèque de Neufchâtel, bombardé le 7 juin 1940 par les Allemands, lors de l’exode.
Les quelques documents épargnés, dont notre bible, furent prudemment mis à l’abri à Niort durant le conflit, et retrouvèrent Neufchâtel à la fin de l’année 1946.
Un chef d’oeuvre de la calligraphie
Écrite à la main, en latin, par un ou des moines, à la plume d’oie sur du papier Velin, chaque page est organisée en deux colonnes de largeur égale, entre lesquelles figurent parfois liserés et entrelacs. Le bleu et le rouge en sont les couleurs prédominantes.
De même, un nombre restreint de couleurs agrémente les miniatures et lettrines qui ornent ce précieux ouvrage.
Ce chef d’oeuvre de la calligraphie médiévale retrouvera, au printemps prochain, le musée de Neufchâtel, où vous pourrez l’admirer à loisirs, lorsque toutes les conditions de sa bonne conservation seront réunies.
Alors, si vous passez par Rouen d’ici le 19 mars, ne manquez pas d’aller admirer ce joyau de l’époque médiévale, témoin du passé prestigieux de Foucarmont.