Tous les anciens foucarmontais s’en souviennent avec beaucoup d’émotion. Ce 13 février 1944 reste pour eux le jour le plus sombre de l’histoire de Foucarmont.
Ce n’était pas la première fois que Foucarmont était bombardé. En effet, en plein exode, le 7 juin 1940, la commune l’avait déjà été. Sous l’effet des bombes incendiaires, le lendemain ¼ du bourg environ avait été brûlé par les Allemands. A la suite de ce premier assaut, on décomptera 16 morts, 29 maisons détruites dont de nombreux commerces.
Dès le début de décembre 1943, de nombreux bombardements vont viser les travaux de Preuseville : il s’agissait de détruire les pistes de V1 en construction. Smermesnil, St Pierre des Jonquières seront touchés, même Londinières avec, pour conséquence, de nombreuses victimes car, parfois loin d’atteindre les travaux, ils atteignaient les villages et hameaux voisins.
Le 5 janvier, c’est le secteur de St Léger aux Bois qui est touché à son tour, au hameau de Mesnil-Allard des travaux similaires étaient menés par l’ennemi. Chaque nuit, des avions survolent notre bourg, se dirigeant soit vers l’Allemagne, soit vers l’Angleterre.
On veut alors se protéger : des tranchées se creusent dans les jardins ou herbages situés à proximité des habitations. La mairie fait creuser des abris collectifs au Fromentel.

L'église en arrière-plan dont il ne reste que des pans de murs (Coll. Jean Seigneur)
Cet après-midi du 13 février 2014 est inoubliable pour les foucarmontais qui l’ont vécu. Durant tout l’après-midi des avions avaient circulé au-dessus de leur tête et copieusement lâché leurs bombes sur la zone de Preuseville où avaient lieu les travaux militaires. Le calme semblait enfin être revenu lorsque 17 bombardiers B17 alliés revenant sur Foucarmont laissent tomber 75 bombes soufflantes sur le centre de la commune dont la plupart explosèrent en touchant leur cible. D’autres exploseront à retardement. Deux minutes auront suffit : une vingtaine de maisons détruites, l’église, les halles n’existaient plus et l’on décompta 21 morts dont un petit garçon de 7 ans et de nombreux blessés.
La population porta vite secours aux victimes : il fallait vite dégager les blessés pris sous les décombres. Le médecin du village, le Dr Stein, avait été arrêté par la Gestapo, car d’appartenance juive. Son remplaçant et la doctoresse de Blangy apporteront une aide précieuse ainsi que les personnes de la Croix Rouge rapidement arrivées sur place. Certains corps ne seront dégagés que plusieurs jours après ce drame, un corps sera même retrouvé en avril ! Certains ne seront jamais identifiés car déchiquetés. Les victimes et les blessés furent regroupés à l’école des garçons, épargnée.

La rue douce sous les décombres (Coll. Jean Seigneur)
La place des Cateliers,la rue des halles, la rue douce n’étaient plus qu’un amas de décombres. Seuls les piétons purent, au bout de quelques jours s’y frayer un passage. Foucarmont est alors méconnaissable, dans l’incompréhension générale. Personne à ce jour n’a pu répondre à la question présente sur toutes les lèvres : pourquoi ?

Une cérémonie d'inhumation fut organisée le matin du 15 février au cimetière communal (Coll. Jean Seigneur)
Cette escadrille voulait-elle anéantir la DCA située à la gare de Villers sous Foucarmont ou avait-elle pour mission de détruire les installations du Mesnil-Allard ? S’agit-il d’une erreur humaine ? D’autres hypothèses sont avancées.
La guerre venait de toucher de plein fouet notre commune, dans toute sa cruauté et toute son horreur !